Quai sur le lac Léman, commune de Saint Gingolph (74), Diagnostic géotechnique

Etude et rapport

DAUPHIN, Samuel | Cerema. Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Administration). Auteur

Edité par Cerema. Bron - 2015

Commanditaire : Commune de SAINT GINGOLPH

Les désordres observés sur le quai de Saint Gingolph semblent avoir plusieurs causes. Le mur ne subit pas de poussée horizontale due à une surcharge hydraulique de son remblai, qui entraînerait des mouvements de déversement. Les déversements visibles, mais non mesurés (à relever par nivellement), sont la conséquence des déformations du terrain sous-jacent qui induisent à la fois les tassements et les déversements. Les sables graveleux gorgés d’eau sont des sédiments récents (quaternaires) peu consolidés. Habituellement, ce type de matériau présente des caractéristiques mécaniques assez faibles avec une cohésion nulle et un angle de frottement inférieur à 30°. Le cône de déjection dans sa partie immergée présente une pente de 40° environ, ce qui est probablement supérieur à l’angle de frottement interne du matériau. D’autre part, le cône n’étant plus rechargé sur l’ensemble de sa surface depuis l’endiguement de la Morge, une érosion très progressive de l’édifice peut s’opérer sous l’action des courants qui viennent longer la rive sud du lac. De plus, les matériaux mis en remblai dans les années 50 pour la création du quai sont de très mauvaise qualité. S’agissant de déchets de construction, ils contiennent probablement de la matière organique (bois en particulier) et des matériaux évolutifs (plâtre, etc.). Ils sont soumis au battement de la nappe. L’existence de cycles d’immersion/émersion favorise l’évolution dans le temps de ces matériaux et dégrade encore leurs caractéristiques mécaniques. Le soutènement des enrochements permettant de protéger le quai contre la houle et les vagues est fortement dégradé au niveau des repères 70 à 140. Ce soutènement est composé de poutres métalliques fichées dans le fond en pente du lac contre lesquels des sapins ont été immergés puis recouverts de blocs d’enrochement. Aucune information n’a pu être découverte quant au dimensionnement de cet ouvrage, mais il semble qu’il soit insuffisant pour reprendre à la fois le poids des blocs qu’il soutient et résister aux efforts dynamiques et cycliques induits par la houle et les vagues dans un contexte de sols de caractéristiques géotechniques hétérogènes. La dégradation du soutènement entraîne une lente évolution du profil du terrain naturel au sommet du cône de déjection torrentiel et une disparition progressive des blocs composant l’ouvrage. Il existe un risque significatif d’évolution rapide des désordres observés sur le soutènement avec l’éboulement des blocs d’enrochement vers le fond. L’évolution de la zone serait alors susceptible de connaître une accélération.

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