Accidentologie et Comportement des Conducteurs Infractionnistes (ACCI) : infractionnisme et accidentalité

Les données du Fichier National du Permis de Conduire ont été analysées pour explorer les liens entre le comportement infractionniste des conducteurs et l’accidentalité. Il est important de noter que les accidents présents dans la base de données sont uniquement ceux pour lesquels l’auteur présumé a été poursuivi puis reconnu responsable par la Justice. Parmi les auteurs des 250 000 accidents corporels identifiés sur la période 1993-2020, seuls 17 % n’ont commis aucune autre infraction avant ou après l’accident. En revanche, 30 % ont un permis incomplet ou annulé au moment de l’accident contre 17 % pour la population générale. La fréquence de perte de points des auteurs ayant un infractionnisme antérieur est trois fois plus importante que pour les conducteurs infractionnistes sans accident. Après l’accident, un quart des auteurs ne commet plus d’infraction. Les autres perdent leurs points deux fois plus vite que les infractionnistes sans accident, malgré une diminution de leur infractionnisme dans les premières années qui suivent l’accident. L’apprentissage de la conduite en ayant recours à l’AAC a été identifié comme un paramètre réduisant 1,6 fois le risque de causer un accident corporel. L’infractionnisme précoce (1ère infraction avant 24 ans) et la commission d’au moins une infraction à 6 points ont été identifiés comme des paramètres augmentant significativement le risque de causer un accident corporel. Les auteurs d’infractions à 6 points ont un risque quadruplé de causer un accident corporel. 60 % des accidents corporels ayant fait l’objet d’une décision de Justice ont au moins un facteur aggravant. Un auteur sur six d’accident avec alcool a commis au moins une infraction avec alcool dans les 5 ans qui précèdent l’accident. A l’issue de l'étude, deux populations se distinguent : d'une part des usagers peu infractionnistes et d'autre part des conducteurs qui cumulent fréquence et gravité des infractions. Concernant les seconds, il apparait que le fait de causer un accident corporel et d'être déclaré responsable par un juge, ne modifie pas, si ce n'est dans les premières années, leur comportement infractionniste. Cette étude est une première utilisation du FNPC pour analyser l’accidentalité. Elle a permis d’établir l’existence de liens entre le profil infractionniste d’un conducteur et le risque qu’il provoque un accident corporel.