Le pont de Brégnier-Cordon permet le franchissement du Rhône par la RD992, entre les départements de l’Ain et de l’Isère. Ce pont est actuellement limité en tonnage à 40 tonnes et les deux départements, maîtres d’ouvrage, souhaitent retirer cette limitation.
Le bureau d’études BG Ingénieurs Conseils SAS a réalisé, sur la base d’une modélisation du pont dans sa configuration théorique initiale,...
Le pont de Brégnier-Cordon permet le franchissement du Rhône par la RD992, entre les départements de l’Ain et de l’Isère. Ce pont est actuellement limité en tonnage à 40 tonnes et les deux départements, maîtres d’ouvrage, souhaitent retirer cette limitation.
Le bureau d’études BG Ingénieurs Conseils SAS a réalisé, sur la base d’une modélisation du pont dans sa configuration théorique initiale, un recalcul pour définir les charges admissibles. L’étude a consisté à définir les efforts s’exerçant dans les différentes parties de la structure sous les charges de l’Eurocode 1 et de les comparer aux efforts résistants apportés par les matériaux dans ces différentes parties. Cette première étude est accompagnée de deux études complémentaires portant sur les effets du passage d’un convoi de camions de 44 t, conforme au code de la route actuel, et d’un convoi-type de 45 t. Ces études ont conclu que l‘ouvrage était justifié sous le passage des camions, mais ne l’était pas sous le passage des charges de l’Eurocode 1. De plus, ces études ont indiqué que les dispositions constructives et règles de l'art des règlements récents justifiant des États-Limites de Service (ELS) n’étaient pas respectées, ce qui pouvait nuire à la durabilité de l'ouvrage.
L’étude réalisée par BG est très exhaustive et de très bonne qualité. Les hypothèses retenues et les modélisations proposées sont acceptables. Il est toutefois regrettable de ne pas disposer des notes d’hypothèses et des notes de calculs qui ont été produites pour la construction de l’ouvrage en 1950.
Une réflexion aurait pu être menée sur le fonctionnement réel de certaines parties d’ouvrages (voûtelles) et sur sa prise en compte dans le modèle de calcul. Une étude attentive des rapports d’inspection détaillée aurait pu conduire à envisager un ou plusieurs comportements différents entre parties d’ouvrage.
L’étude de BG est sécuritaire et reste liée aux justifications demandées soit par les Eurocodes, soit par le règlement français BAEL. Pour des ouvrages existants, il convient parfois d’utiliser des méthodes de calcul permettant de prendre en compte un fonctionnement plus réaliste.
Certaines zones, comme les articulations « Freyssinet » en pied des piliers et aux appuis des entretoises sur arche, ne pourront jamais être justifiées au regard de quelque règlement de calcul. Seuls l’usage et les inspections détaillées montrent qu’elles ne présentent pas de désordres et que leur fonctionnement serait « normal ». Il convient de continuer à examiner attentivement ces zones lors des opérations de surveillances (inspections périodiques).
En reprenant les points que BG n’a pas pu justifier à partir des Eurocodes ou du BAEL, et en s’appuyant sur des méthodes de calcul « plus réalistes » ou sur une modélisation différente des liaisons entre parties d’ouvrages, nous montrons que le pont de Brégnier-Cordon serait en capacité de supporter les charges d’exploitation définies par les Eurocodes. Cette conclusion pourrait conduire à lever la limitation de tonnage sur l’ouvrage.
Il faut cependant retenir que ces justifications doivent trouver leur traduction sur l’ouvrage : il faut que celui-ci soit en bon état et que le fonctionnement modélisé soit celui effectif. Il faut donc s’assurer qu’aucun désordre important ne vienne affecter les différentes parties du pont.
En lire plus